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Français
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Published:
2020-12-28
Updated:
2021-06-03
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66,966
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22/?
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Depuis toujours et pour toujours

Chapter 5: Chapitre 5

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Chapitre 5

 

       Quand Steve eut 20 ans, il fut diplômé de l’Académie Navale d’Annapolis, avec les honneurs.

Les premières semaines n’avaient pas été simples. La douleur de Steve s’était mu en colère. Il en voulait à la terre entière. Pour sa mère, pour Mary, mais surtout pour Danny. Ils avaient des projets. Ils devaient intégrer la même université, prendre un appartement en colocation. Il y avait tellement d’expérience qu’il voulait vivre avec son meilleur ami.

Son père avait balayé tout ça d’un revers de main, sans sourciller. Et Steve s’était retrouvé seul, perdu dans cet étrange endroit.

Bien sûr, il n’était pas complètement ignorant. Après tout, il venait d’une famille de militaire. Avant d’être policier, son père avait servi au Vietnam. Son grand-père, dont il portait le prénom, était mort sur l’Arizona, lors du bombardement de Pearl Harbor. Si pendant un temps, Steve s’était imaginé suivre leurs traces, ça lui était passé. Son amour pour l’océan était encré dans son ADN et il voulait le protéger. Sauvegarder la faune et la flore de son île natale. Durant son adolescence, il s’était découvert une passion pour les fonds marins.

Cette époque lui paraissait si lointaine désormais.

En arrivant à l’académie, il s’était rebellé, allant jusqu’à voler un véhicule appartenant à la Marine. Ce simple fait aurait dû le faire renvoyer et à bien y réfléchir, c’est sans doute ce qu’il cherchait, mais contre tout attente, il avait fait la connaissance de Joe White. Le vieil ami de son père avait le bras long et il était sorti de garde à vue sans laisser aucune trace de l’incident dans son dossier. Les semaines passèrent vite. Les journées étaient programmées à la seconde.

Au fil des mois, il se découvrait. Il aimait le dépassement de soi, l’ordre et l’adrénaline. La Navy lui offrait la famille qu’il n’avait plus et ses camarades devinrent ses frères.

       Quant à Danny, vivre à Hawaii sans Steve s’avérait insoutenable. Il avait essayé de faire abstraction de l’immense vide laissé par son meilleur ami, mais après la nuit qu’ils avaient passée ensemble, c’était impossible. Tout, sur ce maudit rocher, lui rappelait Steve.

Deux ans après son entrée à l’université, il prit la décision de déménager sur le continent. Ils avaient encore de la famille dans le New Jersey et Danny partit vivre chez son oncle Vito. Il abandonna l’économie et intégra l’école de Police. Dire que ses parents furent surpris serait un euphémisme, mais leur fils n’était plus tout à fait le même depuis le départ de Steve.

Les mois se transformèrent en année. Chacun avançant de son côté. Steve avait écrit à Danny, d’innombrable lettres, mais n’en avait postées aucune. Il avait eu tellement de mal à apprendre à fonctionner sans lui que reprendre contact lui semblait trop risqué. Pourrait-il résister à l’envie de le revoir ? Au besoin de le toucher ? Essayant de remplir le trou béant qui rongeait sa poitrine, l’empêchant parfois de respirer, il se plongea dans ses cours. Il était le premier à l’entraînement et le dernier à rentrer. Il étudiait plus, toujours le premier debout et le dernier couché. Il n’acceptait aucune distraction. Son esprit devait toujours être occupé. Il parlait avec Mary de temps en temps, par téléphone ou par courrier. Elle était son seul contact avec la vie civile, lui qui refusait obstinément de répondre à son père. De temps en temps, elle lui parlait de Danny, mais le plus souvent, il évitait le sujet.

À la sortie de l’académie, il déposa une demande pour intégrer BUD/s. À la vue de ses résultats et de ses aptitudes et malgré son jeune âge, il fut envoyé à Coronado afin de suivre la formation des Navy SEALs. Ce fut vingt-quatre semaines de tests physiques et de conditionnement psychologique. Bon nombre des gars qui étaient arrivés avec lui ne passèrent pas la phase 1. Le commandant White se révélait être sans pitié. Du point de vue de Steve, il prenait un peu trop de plaisir à les torturer. Il fit la rencontre de Freddie. Ils étaient si différents à bien des égards, mais ils se complétaient et s’épaulaient. Pour les instructeurs, il leur apparut rapidement que Steve était un meneur. Parfois un peu trop têtu, mais c’est cette force de caractère qui ferait toute la différence en mission.

Ce fut difficile, il ne le niera pas, mais il avait aimé chaque seconde. Son acharnement et son entêtement payèrent puisqu’il sortit Major de sa promotion. Il était temps pour eux de repartir en mission.

      Quand Danny eut 23ans, il rencontra une jeune femme tout juste débarquée de Londres. Ils sortirent quelques fois et les choses prirent une tournure inattendue. Quelques mois seulement après leur rencontre, Rachel tomba enceinte et ils décidèrent de se marier. Danny était aux anges. Il avait obtenu son badge, avait résolue ses premières enquêtes et il allait être papa. Tout semblait lui sourire, mais même s’il évitait d’y penser, dans un coin de sa tête, demeurait l’image d’un grand brun aux yeux bleus orageux.

 

.....

 

— Steve, le héla son commandant.

— Oui, Monsieur, répondit celui-ci, les mains prises par son barda.

Cela faisait quelques mois qu’il était basé à Kandahâr en Afghanistan. Son équipe et lui revenaient tout juste d’une mission quand il fut surpris de trouver Joe White, qui l’attendait sur la piste d’atterrissage.

— Ça va, fiston ?

— Oui, monsieur ! Vous n’avez pas fait tout ce chemin pour boire un verre, affirma-t-il, que puis-je pour vous ? — J’ai quelque chose à faire et j’aimerai que tu m’accompagne, résuma-t-il.

“Quelque chose à faire” sous-entendait “une mission qui n’existe pas” et Steve en était pleinement conscient. Il fut toutefois surpris par la question.

— Que je vous accompagne ? C’est un ordre, monsieur, ou une requête ?

— Je te le demande comme un service. Je ne te cache pas que les chances de réussite sont minces et encore plus celles de revenir tous les deux. Nous serons tous seuls, précisa-t-il inutilement.

— J’avais bien compris, sourit le Seal. Pourquoi moi ? Sauf votre respect, pourquoi ne pas demander au commandant Dewy ?

— Parce que j’ai confiance en toi.

Le commandant White ne le dirait pas à voix haute, mais Steve était l’un des meilleurs Seal qu’il n’ait jamais entraîné. Sans doute meilleur que lui. S’était une force de la nature, avec un esprit affuté. Une rapidité d’analyse rare et pas la moindre hésitation, mais par-dessus tout un instinct exceptionnel. Chez un Seal, l’entraînement physique est primordial, mais ce n’est que 10%. Tout le monde a un point de rupture. Ce qui fera la différence en situation équivalente, c’est le mental et de ce point de vue, il ne voudrait personne d’autre que Steve pour une mission de cette ampleur.

— Très bien, Monsieur ! Le départ est prévu quand ?

Joe le regarda attentivement, essayant de déceler le moindre doute, le plus petit signe d’hésitation, mais comme il l’avait deviné, il n’y avait rien de tout ça.

— Nous partons demain à 5 heure zéro zéro !

Les détails de l’opération seraient évoqués durant le vol. Steve avait vraiment besoin de prendre une douche et de se reposer.

Ils vérifia, comme il l’avait fait avant chaque mission, que ses papiers étaient en ordre. Il se fichait éperdument de qui escorterait son corps lors du rapatriement, mais ses instructions étaient claires. Une fois sur le sol américain, sa dépouille devait être confiée à Danny. Il ne voulait pas infliger cette épreuve à sa soeur et refusait d’être laissé à son père. Et malgré la distance et son mutisme, Danny demeurait la personne la plus importante de sa vie. Il avait tout de même tenu à lui écrire une lettre qui devait lui être remise avec ses effets personnels.

 

Danno,

Je sais que tu m’en veux et c’est légitime. Rien de ce que je pourrais dire n’effacera le mal que je t’ai fait. J’ai été lâche. Je ne pouvais pas te dire au revoir, je n’en avais pas la force. Rester en contact aurait été trop difficile. Je me suis plongé dans les cours et l’entraînement, m’épuisant pour ne pas penser.

Penser à toi, à ce que j’avais perdu, à ce que je ne vivrais jamais. Tous ses projets qui ne verraient jamais le jour. Comprendre l’ampleur de mes sentiments au moment où je devais te dire adieu fut et est encore aujourd’hui, même avec ce que j’ai vu ces dernières années, la chose la plus difficile que j’ai eu à faire.

Peu importe que ce soit réciproque ou non, tu es toujours avec moi, tapi dans un coin de ma tête. Tu n’as laissé de place pour personne d’autre dans mon coeur.

Cette lettre, comme toutes celles que j’ai pu t’écrire auparavant, ne te sera jamais envoyée. Si tu lis ces mots c’est que je ne suis plus là pour te dire à quel point je suis désolé. Pardonnes-moi d’avoir fait les mauvais choix, d’avoir était si faible. Pardonnes-moi de t’imposer cette dernière épreuve.

La Navy m’a montrée une facette de moi que je ne connaissais pas et j’aime ce que je fais, mais quel genre de vie j’aurais pu t’offrir ?

Je m’étais juré de ne plus jamais interférer dans ta vie, mais il faut croire que je suis incapable de tenir mes promesses.

J e t’ai toujours aimé et je t’aimerai toujours. Je n’oublierai jamais ce petit garçon aux yeux bleus qui a éclairé ma vie.

Merci d’avoir fait un bout de chemin avec moi. Je te souhaite le meilleur.

Vis, profites de tout. Ne laisses jamais personne te dire ce que tu peux ou ne peux pas faire. Fixes tes propres limites et ne cesses jamais de rêver.

Je t’aime

Pardonne-moi

Steve

 

Ils avaient mené la mission à bien, mais pas sans mal. Steve avait été touché et il ne devait sa survie qu’à l’entêtement de Joe. Pour la première fois depuis leur rencontre, il n’y avait plus de grade. Ce jour-là, ils étaient devenu amis.

— Laisses-moi là, je vais te ralentir. Vas-y, souffla le Seal avec difficulté.

Il avait traîné sa carcasse fatiguée sur plusieurs kilomètres, mais il perdait beaucoup de sang et avait de plus en plus de mal à fonctionner.

— Ce n’est pas une option. On rentre ensemble ou on ne rentre pas. Tu as déjà oublié ce que je t’ai enseigné ? On abandonne personne !

— Quand on peut encore le sauver, mais le première objectif est la mission. On est tous conscients des risques, lui rappela Steve en colère.

— Tu m’as sauvé la vie, je ne repars pas sans toi, termina le commandant.

— Justement ! J’ai fait mon travail, mais si tu ne pars pas maintenant, j’aurais fait ça pour rien.

Le Seal avait de plus en plus de mal à parler. Joe le prit dans ses bras et continua à faire pression pour stopper l’hémorragie.

— Allez, fiston ! Restes avec moi, lui ordonna son commandant, ne pouvant dissimuler son inquiétude. Alors, qu’est-ce qu’il y a entre toi et le lieutenant Rollins ? demanda-t-il pour le tenir éveillé.

Steve esquissa l’ébauche d’un sourire et releva la tête pour le regarder.

— Vraiment ? On va parler de ça, maintenant ? Joe hocha la tête. C’est une amie, rien de plus, ajouta-t-il.

— Quand je vois les regards qu’elle te lance, permets-moi d’en douter.

— Alors c’est à elle que tu dois poser la question, affirma Steve.

Une quinte de toux laissa le jeune homme affaibli. Du sang s’écoulait de la commissure de ses lèvres et sa respiration était laborieuse.

— Il y a bien quelqu’un qui compte ? Quelqu’un pour qui tu veux rentrer ?

Oui, il y avait quelqu’un, mais pourquoi rentrer puisqu’il ne le reverrai jamais. Dans leur métier, ils avaient rarement l’occasion de profiter de leur retraite et Steve s’était fait une raison. Il mourrait sans doute jeune, en faisant la seule chose qu’il savait faire.

— Non, il n’y a personne.

— Je ne te crois pas, mon garçon. Alors tu vas me faire le plaisir de prendre contact avec elle quand nous serons rentrés !

Cette dernière affirmation ne souffrait aucune discussion. Joe ne lâcherait pas et Steve n’avait plus la force de se battre contre lui.

 

C’est en rentrant de cette opération que Steve apprit la nouvelle. Il reçut une lettre de Mary lui annonçant le futur mariage de Danny et sa paternité imminente. Il avait mal, son coeur saignait. Une colère injustifiée lui comprima la poitrine. Danny ! Son Danno…allait avoir un enfant.

De quel droit était-il jaloux, se réprimanda-t-il.

Cruellement, son esprit lui imposa des images de Danny et lui. De matins où il se réveillerait aux côtés de la personne qu’il aime. Des petits déjeuners, des soirées télé ; images d’une vie qu’il n’aurait jamais. Sa main picotait à l’image de leurs doigts entrelacés. Il pouvait presque sentir son odeur l’entourer.

Il était temps pour lui de bouger.

S’il avait toujours été investi dans son travail, acceptant les missions les plus dangereuses, il monta encore d’un cran. Steve se fit transférer des Forces Spéciales aux Services Secrets de la Navy et se mit à traquer des groupes terroristes internationaux. Il ne restait que rarement plus de 48h au même endroit. Exactement ce dont il avait besoin.

 

      Bien loin de là, Danny accueillait sa fille. Elle fut nommée Grace, en hommage à sa partenaire, ayant trouvé la mort dans l’exercice de ses fonctions, quelques semaines auparavant. Rachel ne s’y était pas opposée.

— Tu portes le prénom d’une battante, chuchota le policier, en admiration devant ce petit ange qui en une fraction de seconde, était devenu le centre de son monde.

De ce jour, tel un satellite pris dans l’attraction d’une planète, la vie de Danny ne tournait plus qu’autour de la petite fille.

Les semaines devinrent des mois, puis des années. Grace grandissait vite aux grands dam de Danny. Il avait fait tout son possible pour ne rien louper. Être là pour les moments importants, ceux qu’on ne peut jamais rattraper. Ses premiers pas, ses premiers cauchemars, ses premiers mots… Après des mois à lui mimer “Papa”, il avait tenté son prénom et son diminutif, mais son petit singe semblait avoir du mal.

Son mariage ne dura pas. Son statut de flic avait attiré Rachel et avait fini par la faire fuir. Grace était tout ce qui lui restait. Matty était venu dans le New Jersey pour lui tenir compagnie, c’était son excuse, mais ils savaient tous les deux que le flic n’était pas dupe. Matt était surtout venu le surveiller par peur qu’il fasse une connerie. Ça lui semblait absurde comme idée. Jamais il ne pourrait abandonner sa fille.

Et puis, s’il ne l’avait pas fait quand…bref, il ne le ferait pas pour Rachel.

Une tête brune, les cheveux en bataille, un sourire tordu étirant ses lèvres, lui apparut et comme à chaque fois, son cœur bondit dans sa poitrine. Le vide qu’il ressentait menaçait de l’engloutir. Il se réprimanda et secoua la tête.

C’est finalement au parc, alors qu’un garçon la poussait pour lui voler sa balançoire, que le mot était sorti.

— Danno ! cria la petite fille.

Tel un automate, Daniel fit ce qu’il devait faire et défendit Grace. Il passa un savon à l’enfant et aux parents, les accusant d’avoir mal élevé leur fils et de ne pas le surveiller.

— Je suis flic et je peux vous dire que ce sont des gars comme votre fils que j’arrête. On en reparle dans 10 ans, vous verrez, les prévint-il.

Ils eurent l’air terrifiés et Danny n’était pas peu fier de son effet. Sauf que sous ces couches de Papa attentionné, de policier sûr de lui, la douleur le rongeait.

Pourquoi Danno ? Grace aurait pu bafouiller n’importe quoi, pourquoi a-t-il fallu qu’elle l’appelle comme ça ?

Cette nuit-là, son sommeil fut peuplé d’un grand brun aux yeux rieurs. Son esprit a tenté de l’imaginer plus grand, plus vieux, en soldat, mais heureusement pour Williams, son imagination était limitée. Il se réveilla au beau milieu de la nuit, essoufflé et trempé de sueur. Il refusa obstinément de se rendormir.

Le même schéma se répéta des nuits durant. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait dormi plus de trois heures. Danny avait bêtement cru avoir dépassé tout ça, mais son fantôme ne semblait pas vouloir le laisser vivre en paix.

Ce n’était qu’une mauvaise période. Ç’allait finir par passer. N’est-ce pas ?

 

Notes:

Merci d'être là, de me lire et de me laisser vos avis. Ça me fait toujours plaisir de vous lire. J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop. Soyez patiente, ils se retrouveront, mais pas tout de suite.

À dimanche prochain ;-)